Réjean Meloche

Prendre un verre de bière right through … en prison.

Poursuite policière …

 

… pour une chaise

L’événement est survenu lors d’une nuit de patrouille assez tranquille au centre-ville de Montréal. Soudain, sur les ondes de la radio de la police, une description précise d’une automobile dont les occupants venaient d’effectuer un vol au Vieux Munich, un bar mythique situé angle St-Denis et boul. Dorchester (devenu boul. René-Lévesque). Comme les fuyards avaient empruntés l’accès à l’autoroute Ville-Marie située tout près des lieux, une importance poursuite policière fut initiée par les policiers de la CUM. Une demande d’assistance avait aussi été faite aux agents de la Sûreté du Québec qui ont une juridiction sur les voies rapides. Un barrage routier fut même érigé sur le boul. Décarie nord.

J’ai accompagné les forces de l’ordre dans cette chasse à l’homme qui s’avéra plutôt être une chasse … à la chaise. Les policiers devaient par la suite découvrir, sur la banquette arrière de la grosse Cadillac,  la recette du vol : une chaise de bois du fameux bar. Toute cette mobilisation des forces de l’ordre qui prirent un risque énorme durant la poursuite (ainsi que les photographes-reporter) pour un si banal objet.

La suite de l’enquête devait révéler que le propriétaire était constamment victime d’innombrables vols de verre de bière. C’était devenu un trophée de chasse pour tout client qui allait faire la fête dans ce célèbre débit de boissons. Mais le vol de la chaise était la goutte de bière qui avait fait déborder le bock. Le tenancier avait avisé les policiers qu’il s’était fait voler par trois personnes, sans jamais divulguer la nature du butin.

Date :  1972
Endroit : Vol au Vieux-Munich et chasse à l’homme
Média : Montréal-Matin

Bœuf abattu

Le secteur de la rue Mills, à la sortie nord du pont Victoria, à Montréal, a longtemps été associé aux marchands de bœuf en gros. Il y avait aussi des abattoirs d’animaux dans ce secteur.  À l’occasion, un animal réussissait à déjouer ses gardiens et causait tout un émoi parmi les travailleurs et la population locale.

Le 26 février 1975, les policiers du secteur sud-ouest sont alertés qu’un imposant bœuf avait pris le large et courait sur les voies du Canadien National par où le bétail était acheminé.

Après plusieurs tentatives infructueuses pour entourer l’animal afin de procéder à sa capture, les policiers n’ont eu d’autres choix que d’abattre l’animal. Ils utilisèrent les moyens du bord, c’est-à-dire leur petite arme de service, un revolver de calibre .45.

 

 

 

 

 

 

N’écoutant que son courage, et faisant fi de tous les gens qui se trouvaient à proximité, ce policier a même vidé son barillet dans la bête qui gisait déjà sur le sol . «C’est par sécurité, avait-il dit, mais on décelait chez lui un léger instinct de courage.» 

Date : 26 février 1975
Endroit : Abattoir de la rue Mills à Pointe-Charles
Média : Journal La Voix Populaire

 

Balle-molle aquatique

Il bondit, sort de l’eau et capte la balle.

Alors que j’étais en vacances estivales dans les cantons de l’Est, j’ai aperçu des campeurs qui jouaient à la balle molle dans un petit ruisseau. J’ai eu l’idée de couvrir l’événement comme je le faisais au cours de mon travail régulier pour mon quotidien. L’idée a tellement plu, même s’il n’y avait pas de pluie, qu’à mon retour au boulot, le rédacteur en chef décida d’en faire un reportage photographie pour les pages centrales, qui étaient utilisées pour les événements sportifs majeurs comme le baseball  ou les images insolites.

Quelle attrapée … à la nage.

Date : 27 août 1976
Endroit : Camping du Lac Brome, cantons de l’Est
Média : Montréal-Matin, pages centrales

 

 

La photo qui déclencha tout

Fin juillet 1969, je venais à peine de terminer mes études secondaires un mois plus tôt et fêter mon 17e anniversaire de naissance. J’avais la chance de déjà travailler pour le journal local de mon quartier La Voix Populaire comme journaliste et photographe. L’événement important de l’été était la démolition de l’Église St-Henri, situé tout juste en face de nos bureaux. Cet édifice, ainsi que ceux du collège, du couvent, de l’hospice et d’une école primaire devaient faire place à la nouvelle polyvalente.

Deux photographes professionnels avaient pour mission de couvrir les activités du chantier. Je tenais à faire ma marque comme photographe débutant en cherchant un angle particulier pour capter le moment crucial.

J’ai donc demandé la permission au directeur de mon collège pour avoir accès à l’étage supérieur afin de réaliser une photographie en parallèle avec le clocher en chute libre. J’ai effectué la même opération pour chacune des sections qui furent jetées au sol au moyen d’immenses câbles d’acier, tirés par un camion.

 

 

L’image finale a servi plus de 20 ans plus tard à illustrer l’affiche principale de ma première exposition solo de photographies de presse. Il m’arrive encore aujourd’hui de présenter cette photo à de jeunes photographes ou graphistes  issus de la génération du numérique. L’un d’entre eux m’a même dit apprécier ce qu’il croyait être un beau montage fabriqué  avec Photoshop. Ces logiciels offrent en effet la possibilité de créer artificiellement ce qui n’était autrefois possible que dans la réalité.